Ecouter un son s'amenuiser - David DUBOIS

"Le bruit est le plus souvent perçu comme un obstacle au silence intérieur, source de paix et de joie. Mais il existe des bruits qui nous ramènent au silence, pour peu que l'on se laisse prendre par l'oreille, pour ainsi dire. 

Prenez un bol tibétain. Ou une cloche, une cymbale ou un piano, ou une corde de guitare. Ou bien à l'occasion d'un avion à moteur qui passe et fait gronder les cieux.

Ecoutez ce son. Laissez-le vibrer, sans rien faire de spécial. Puis écoutez-le, tout simplement, au fur et à mesure qu'il s'amenuise. Ecoutez sans vous arrêter. Vers toujours plus de finesse c'est un peu comme pour une expiration et tous ces mouvements qui s'estompent presque insensiblement.

Le son baisse de volume. L'écoute subsiste. Au bout d'un moment, nous ne savons plus si nous écoutons quelque chose. Nous écoutons...quoi? Le silence.

Mais dans ce silence, une résonance continue. Sans trop chercher à la décrire, laissons-nous porter par elle. Si nous sommes distraits, nous pouvons recommencer, à chaque fois comme si c'était la première fois. Le son se meurt dans le silence. Mais au fond, non. Il y a mouvement d'un son vers un autre. Changement de fréquence. Mais tout se passe comme si la résonance que nous appelons "silence" était le son mis à nu, le son dont émergent et en lequel s’immergent tous les autres sons. Une vibration fondamentale, l'âme vibrante de tous les bruits. 

De plus, nous ne ressentons pas ce son comme extérieur à nous, mais ne faisant qu'un avec ce que nous sommes vraiment. Ce silence ne peut nous quitter. Il n'est pas le contraire du bruit, mais il est comme l'âme de tous les bruits qui ont un commencement et une fin."

Source : David DUBOIS .-60 expériences de vie intérieure. Editions Almora, Paris, 2017. Page 51.