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"Tu es Cela - Plus proche que proche - Déjà là"

Approches de la méditation : Litanies pour un retour à soi-même (6.4)

Arnaud Desjardins : Approches de la méditation
(Editions de La Table Ronde - Paris, 1989)
Extraits et résumés


TROISIEME PARTIE : LA PRATIQUE

Chapitre 6 : Litanies pour un retour à soi-même

[6.4 : pages 188 à 191]

La posture n’est pas seulement physique.
Toute attitude, toujours, est à la fois physique, émotionnelle, mentale.
Il y a un état d’âme correspondant à une posture voûtée, affaissée, et un état d’âme différent si simplement nous nous redressons intérieurement et extérieurement. Ressentez-vous dans la posture comme une totalité. A la posture correspond un état d’esprit, une manière de voir les situations, un changement dans le sentiment.
Je suis stable, bien assis, j’ose être là, prendre ma place dans l’espace. J’ai le droit d’être ici et maintenant.


Sans vous affaisser, sentez le premier dynamisme interne, la descente vers le bas. L’énergie lourde, dite grossière, ne peut produire, au niveau de la tête, que les pensées habituelles, conflictuelles, contradictoires, limitées et, au niveau du coeur, les émotions grossières. Et cette énergie lourde quitte la tête, les épaules, le coeur, et descend.
Essayez de vivre intérieurement cette descente en vous-même comme un ascenseur qui ne s’arrête à aucun étage et descend jusqu’au rez-de-chaussée ou même au sous-sol. C’est un vrai lâcher-prise au niveau de la tête.
J’abandonne les pensées et je m’installe de plus en plus dans ce bassin et ce bas-ventre que nous connaissons sous le nom de « hara ». Je laisse le haut se vider, le bas se remplir. L’énergie lourde a tendance à revenir vers le haut, donc vous retournez dans la tête et les pensées.
A nouveau, laissez-vous couler en vous-même, avec l’impression d’une force qui descend par son propre poids; la tête s’allège, les épaules s’allègent, le coeur s’allège.
Cet abaissement intérieur est votre première démarche, votre premier lâcher-prise, l’abandon des revendications, des tensions, des peurs. Descendez avec confiance dans vos propres entrailles et poussez un peu, durcissez un peu la paroi abdominale basse.

Lorsque vous avez approfondi la conscience de votre enracinement, revenez à celle de votre verticalité.
Sentez le lien qui unit le sacrum et les organes sexuels au sommet du crâne, comme vous imagineriez de l’eau circulant dans un tuyau ou l’électricité circulant dans un fil.
Essayez de ressentir un dynamisme naturel, qui se fait de lui-même, le mouvement de l’énergie fine qui part de la base et s’élève jusque dans la tête, comme la fumée d’un bâton d’encens s’élève verticalement s’il n’y a aucun courant d’air dans le temple.
L’énergie lourde a abandonné la tête, les épaules, le haut de la poitrine, et s’est déposée dans le bassin. Une autre énergie s’élève, s’épanouit au niveau du coeur, non plus comme émotion mais comme sentiment, l’intelligence du coeur, et au niveau de l’intelligence comme ouverture d’esprit, clarté de vision... et atteint le sommet de la tête d’où part ce fil imaginaire qui l’attire verticalement vers le ciel. Il arrive que nous nous sentions redressés, sans l’impression que, nous, nous fassions le moindre effort pour nous tenir droit, comme si cette énergie nous grandissait de l’intérieur.

Dans l’harmonie de ces deux dynamismes, prenez conscience de votre réalité totale. Si vous n’êtes pas divisé, si vous devenez un tout – vous savez que « cosmos » veut dire « totalité » – vous êtes un univers en miniature.
Ressentez à la base de vous-même l’énergie vitale qui anime tout l’univers, n’ayez pas peur de sentir dans le bassin, le ventre, le sacrum, les organes génitaux, une accumulation de force.
Et de même que les branches d’un arbre sont liées aux racines, l’énergie fine se déploie au niveau du coeur. Il n’y a pas de contradiction.
Vous ne pouvez pas vous couper en deux : un niveau intellectuel noble ou spirituel, et un niveau animal que vous mépriseriez. Dans cette pratique, toute l’habileté intérieure consiste à sans cesse laisser l’énergie lourde descendre, à s’installer toujours plus confortablement dans son bassin et son hara et à être en même temps conscient de cette énergie fine qui s’élève en nous jusqu’au sommet du crâne. C’est ce que les enseignements anciens appellent « unir en nous le Ciel et la Terre ». Et celui qui renie la Terre n’atteindra jamais le Ciel.

Il nous est dit que, à l’inspiration, nous inspirons aussi une énergie, le prana, que les Japonais appellent le ki, dans laquelle nous baignons mais que nous ne savons pas recevoir consciemment. C’est une nourriture qui peut se répandre dans tout l’organisme selon des trajets ou « canaux » dits subtils.

Et nous inspirons une troisième nourriture, encore plus fine, dont les langages symboliques disent qu’elle vient directement du ciel, qui est une nourriture pour le « corps causal » (karana sha-rir ou anandamaya kosha), la part la plus spiritualisée de nous, celle qui n’est que Paix, Béatitude et Amour.
Nous inspirons des influences célestes qui rejoignent cette énergie fine s’élevant en nous, de la base au sommet. Les soufis qui s’expriment en termes religieux disent que nous inspirons Dieu lui-même. Les chrétiens diront le Saint-Esprit ou le Souffle de Dieu. Vous pouvez en avoir l’expérience si vous êtes silencieux, ouvert, le coeur libre, l’esprit libre.

Il nous est dit aussi très clairement dans la tradition hindoue et les Upanishads, que notre corps physique est une cellule du corps physique universel, ce que nous appelons la nature, notre propre corps subtil une cellule du corps subtil universel, et notre corps causal une cellule du corps causal universel, c’est-à-dire Dieu lui-même en tant que source de la Création et de la Manifestation. Mais nous sommes si peu silencieux intérieurement, si emportés par le bruit de nos préoccupations, de nos émotions et de nos pensées, que nous laissons échapper la conscience de ces vérités qui peuvent changer complètement une existence.

Alors vous sentez qu’il doit y avoir dans la vie un tout autre niveau de qualité. L’inspiration nourrit ces trois niveaux en nous, matériel avec l’oxygène, subtil avec une matérialité beaucoup plus fine, le prana, et un niveau encore plus subtil que nous décrivons comme satchidananda, Être, Conscience, Béatitude. Nous ne sommes parfaitement humains que si nous fonctionnons harmonieusement à tous ces niveaux.
Ceux-ci sont reliés et si vous êtes mal situé physiquement, vous êtes mal situé psychiquement et mal situé spirituellement.

Si vous retrouvez votre structure intérieure juste par la posture de méditation, tous ces niveaux de réalité se révèlent peu à peu à vous harmonieusement, sans que vous ayez à nier la force vitale au nom de la spiritualité ou à oublier la spiritualité parce que vous êtes entièrement pris par votre incarnation.
La posture juste, stabilité, verticalité, détente, est celle qui vous permet de ressentir ces réalités plus fines, la libre circulation de l’énergie lourde et de l’énergie raffinée et le lien entre la force de vie, l’énergie sexuelle, l’ouverture du coeur et la limpidité de l’esprit.



Résumé et extraits d'Approches de la méditation d' Arnaud Desjardins .- Editions de La Table Ronde, Paris, 1989.
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