"Tu es Cela - Plus proche que proche - Déjà là"
Cela semble une contradiction mais en réalité ce n'en est pas une que dans cet état de désir on recherche un état de non désir ?
Jean Klein : Non, ce n'est pas une contradiction.
C'est-à-dire que l'unique désir devrait être de se contenter "d'être", par opposition à la foule de désirs qui nous font courir après "l'avoir " et qui nous dispersent ?
Jean Klein : C'est cela exactement, mais par ignorance, nous recherchons cette plénitude dans la possession d'une maison, d'une voiture ou de quelqu'autre objet. Alors, évidemment, quand on vit superficiellement, on dit d'un homme de quatre-vingts ans sur son lit de mort "qu'il a bien vécu"...
Mais, en approfondissant un peu, on constate facilement que nos innombrables échecs ne détruisent pas l'espoir de pouvoir conquérir un jour l'objet qui comblera tous nos vœux. Lorsque l'objet convoité est acquis, il y a en effet quelques instants de plénitude et de satisfaction, mais aussitôt ce sentiment de confort épuisé, nous nous retrouvons à la poursuite d'un autre objet.
Alors un homme sérieux doit à un moment de sa vie se poser la question suivante : "Au fond qu'est-ce que je cherche dans les objets ? - est-ce que je cherche l'objet lui-même ? ... ou est-il seulement un véhicule pour m'amener à un état qui pourrait bien être ma véritable nature ?..."
Regardez la somme d'énergie que l'on dépense en voulant acquérir quelque chose ! Mais si vous reconnaissez que ce que nous cherchons ne se trouve pas dans l'objet, mais que nous surimposons seulement à celui-ci des qualifications qu'il n'a pas, alors, je vous dirai : "Dans ce cas-là, pourquoi aller vers l'objet, et pourquoi ne pas viser directement notre véritable nature ?"
Extrait de : "La Joie sans objet" - Jean Klein- Éditions Almora, Paris, 2009 - pages 134 et 135.